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Séminaire du 14 février 2025 [3] : « De la carrière au chantier (séance 2) »

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Cyril Lacheze, « Fournir Paris en terres cuites architecturales, XIIIe-XVIe siècles »

Cyril Lacheze est post-doctorant en histoire des techniques au sein de l’Université de technologie Belfort-Montbéliard. Il a été formé à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne où il a préparé une thèse intitulée « L’art du briquetier, XIIIe-XIXe siècles. Du régime de la pratique aux régimes de la technique », soutenue le 17 novembre 2020 et parue en 2023 dans la collection Classiques Garnier. Il a également publié plusieurs articles sur les terres cuites architecturales (TCA). Il travaille sur les tuiles, les briques et les carreaux de pavement. D’après lui un briquetier ou un tuilier sont souvent le même artisan. Voir : https://www.femto-st.fr/fr/personnel-femto/cyrillacheze. Il étudie une période moderne de manière très large en l’élargissant en amont jusqu’au XIIIe siècle. Il s’intéresse à la France, à la région Centre, à la Bourgogne et à l’Île-de-France. Paris est une ville bien documentée par des sources historiques et archéologiques. C’est un bon cas d’étude, même pour la période médiévale.

Avant de commencer, il projette une vidéo (« Primitive technology. Mud bricks » : https://primitivetechnology.wordpress.com/2017/09/22/mud-bricks/ ; https://www.youtube.com/watch?v=D59v74k5flU) pour comprendre la manière de construire un four, la fabrication des tuiles, leur séchage à l’air libre et leur cuisson en deux phases (phase de petit feu, puis de grand feu jusqu’à 1000° C) suivie de leur refroidissement. De l’extraction à la récupération des tuiles après séchage, il faut au moins trois semaines. Un four médiéval produit de 10 000 à 30 000 tuiles en deux semaines, soit environ 1 000 tuiles par jour. Une tuilerie se compose d’un four, d’une aire de séchage à l’air libre puis sous une halle et d’une aire de stockage (cf. London, BL, Add. MS 38122, f. 78v). La zone d’extraction est en général proche (100 à 200 m) de la tuilerie qui est placée à proximité d’une voie de communication pour évacuer les produits (rivière, canal, route). Ces derniers sont en effet lourds (environ 2 kg par tuile).

À Paris, à partir des livres de taille (v. 1300), on peut repérer une dizaine de personnes mentionnées comme tuiliers dans chaque « queste ». Ces personnes paient une taille comprise entre deux et soixante-deux sous. On remarque une concentration devant le Louvre, mais d’autres mentions sont éparpillées dans la ville. Elles peuvent toutefois correspondre à des noms de famille, comme par exemple Nicolas le Tuilier indiqué comme pelletier (faux négatif). De nombreux documents évoquent la présence de tuileries à ce niveau de la rive droite, notamment un bail à cens passé avec Saint-Germain-des-Prés en 1257, le cartulaire de l’Hôtel-Dieu (1274), des censiers de l’Évêché de Paris (1373 et de 1530). Lors des fouilles de la cour Napoléon et du jardin du Carrousel dans les années 1980, une forte concentration de fours a été repérée (cf. P. Van Ossel (dir.), Les Jardins du Carrousel (Paris). De la campagne à la ville : la formation d’un espace urbain (DAF 73), 1998). D’après Bruno Dufaÿ (B. Dufaÿ, Y. De Kisch, D. Poulain, Y. Roumégoux et P. Trombetta, « L’atelier parisien de Bernard Palissy », Revue de l’art, 1987, 78-4, p. 33-57. https://doi.org/10.3917/rda.078.0033), il y a eu une vingtaine de fours de tuiliers du Moyen Âge à la fin de l’Époque moderne. Trois phases ont pu être distinguées : une première dans la seconde moitié du XIIIe siècle qui concerne trois premières installations à l’Est de la zone ; une deuxième avec trois nouvelles tuileries qui se décalent à l’Ouest à cause de la construction de l’enceinte de Charles V (1356-1383) ; une troisième au XVIe siècle avec des tuileries installées au même endroit que les précédentes. Lors de la construction du palais des Tuileries voulue par Catherine de Médicis, cette dernière souhaitait avoir une grotte artificielle comme celle de Buontalenti au palais Pitti de Florence et a fait appel à Bernard Palissy pour la réaliser. Une des tuileries a alors été réutilisée.

Dans le Faubourg Saint-Germain, il n’y a pas eu de fouilles. Au XVIIe siècle s’y trouvaient de nombreux petits tuiliers les uns à côté des autres formant un réseau. Comme ils prennent la matière première, c’est-à-dire l’argile, aux mêmes endroits à Chaillot ou à Auteuil, ils entrent souvent en conflits pour l’approvisionnement de leurs tuileries. Une tuilerie dite flamande est en activité sur le quai Malaquais entre 1599 et 1635. Deux frères venus de Delft avaient obtenu un privilège de 35 ans pour fabriquer un type particulier de tuiles qui s’emboîtent. Ils avaient l’exclusivité de la production et de la vente sur un rayon de 15 lieues. Cette manufacture royale apparaît sur les plans jusqu’aux années 1630 et disparaît ensuite, ce qui correspond à la fin du privilège.

Les fours médiévaux étaient de grande taille, mais moins que ceux de l’époque moderne. Au XVIIIe siècle, des fours pouvaient produire jusqu’à 200 000 briques en Flandre. Pour les tuileries parisiennes, l’argile venait de Chaillot, d’Auteuil ou de Gentilly. Dans ces espaces les argilières étaient nombreuses et transformaient le paysage en un ensemble de trous et de puits (par ex. à Vaugirard). En cas de pluies, le terrain devenait boueux et dangereux. Comme pour les plâtrières, il existe des contrats et des baux pour fouiller la terre et trouver l’argile. Le bois est le plus gros poste de dépense, puisqu’il faut des quantités monstrueuses de bois pour alimenter les fours.

Concernant les tuiles et leur forme, il y a peu de réglementations avant 1566. L’approvisionnement en tuiles se fait également par bateau, depuis Rouen par exemple. Les tuiles sont notamment stockées au quai des tournelles.

Discussion

Caroline Bourlet (CB) : Cette communication permet de comprendre que les tuileries ont été utilisées sur le long temps. Les règlements parisiens essaient ensuite de faire partir les tuileries, surtout à partir du XVIe siècle. Quelles sont les nuisances des tuileries ? Est-ce qu’elles produisent beaucoup de déchets ? Est-ce que le terrain peut être ensuite récupéré ?

Cyril Lacheze (CL) : D’après la documentation du XIXe siècle, les déchets de cuisson peuvent être récupérés. Les tuiles peuvent être utilisées comme dégraissant après avoir été réduites en poudre. Il y a un commerce des déchets de tuilerie qui peuvent être utilisés comme remblais. Les argilières ne détruisent pas la terre qui devient très fertile et peut servir de pâture de qualité. Une tuilerie produit des nuisances : feu et fumée. Cette dernière risque d’endommager les arbres fruitiers ou d’effrayer les abeilles. Les charrois très lourds peuvent défoncer les chemins autour des tuileries.

CB : Les tuileries sont proches des chemins, mais en fond de parcelle. Pourquoi ?

CL : Le feu des tuileries peut effrayer les chevaux, c’est pourquoi les fours ne sont pas proches des chemins. À Paris, les produits peuvent partir par le chemin de Saint-Cloud ou passer par la Seine.

CB : Quel est le privilège de la tuilerie flamande ?

CL : C’est un privilège de vente sur 60 km à la ronde ; les autres tuiliers peuvent vendre leurs tuiles, mais après en avoir obtenu l’autorisation.

Benoît Descamps (BC) : La tuile flamande est une appellation nouvelle. La tuile parisienne est plate. Y-a-t-il des tuiles romaines ?

CL : Il n’y a pas de tuiles romaines à Paris dans la deuxième moitié du Moyen Âge. À Paris, c’est bien une tuile plate, parfois décorée, mais la décoration disparaît aux XVe-XVIe siècles.

Marlène Helias-Baron (MHB) : Lors de la séance précédente, les intervenants ont évoqué avec les trous des plâtrières un paysage de désolation aux abords de Paris. Est-ce que les argilières y contribuent ?

CL : Le paysage est en effet grêlé à Auteuil, Gentilly et Chaillot. Concernant les sites précis d’extraction, la plus ancienne argilière en puits est mentionnée au XVIe siècle à Vaugirard.

CB : Dans les baux et les contrats, est-ce que l’on trouve des mentions de vignes comme pour les carrières et les plâtrières ?

CL : À Gentilly, il y a une juxtaposition des argilières et des vignes. Les contrats précisent où le tuilier a droit de faire des trous.

Christian Barbier : « Les comptes de construction de l’église des Bernardins (1339-1342) »

Le collège a seulement une chapelle au XIIIe siècle. Benoît XII (pape : 1334-1342), ancien élève et professeur, finance la construction d’une église de 80 m de long sur 35 m de large. La première pierre en a été posée en mai 1338. L’église n’a jamais été achevée. La construction est connue par deux registres Introitus et Exitus 181 et 197 conservés aux Archives apostoliques du Vatican. Depuis la fin du XIXe siècle, ils ont bénéficié de l’intérêt de plusieurs historiens dont E. Müntz, M. Davis et Philippe Dautrey. Ce dernier a notamment rédigé une thèse intitulée : Des comptes aux œuvres : les travaux de l’église des Bernardins de Paris (1339-1342) et du palais des Papes d’Avignon (1344-1345) (Thèse de l’EHESS, 2006) (Philippe Dautrey, « Comptabilité et gestion sur les chantiers apostoliques : les Bernardins de Paris 1339-1342 ; le Palais Neuf d’Avignon 1344-1345 », Mélanges de l’École française de Rome. Moyen-Age, t. 119, n°1, 2007, p. 189-220 : https://doi.org/10.3406/mefr.2007.9438). Le pape avait d’abord nommé comme responsable du chantier, Bertrand Auset, accusé en mars 1339 de fraudes et tromperies et remplacé ensuite par Pons de Madières, convers de l’abbaye cistercienne de Boulbonne. Les registres conservés sont les siens et ont été écrits en langue d’oc avec des mots parisiens et provençaux. Ils concernent la période comprise entre avril 1339 et mars 1342. Le registre IE 181 (4 avril 1339-13 avril 1342) compte 28 ff. qui se rapportent à l’église des Bernardins ; d’après la foliotation, ce registre est lacunaire, puisqu’il y en avait sans doute 61 ff. en tout pour ce chantier. Il rassemble les dépenses se rapportant au gros œuvre (chaux, chevrons, claies, plâtre etc.). Le registre IE 197 (17 septembre 1240-13 avril 1342) consigne les salaires. Il manque un premier registre pour la période comprise entre début avril 1339 et septembre 1340.

Dans le registre IE 197, on peut compter 637 intervenants sur 16 mois, avec un turn-over important et une décroissance continue du nombre de présents. La présence individuelle sur le chantier est très faible. Sur 265 tailleurs de pierres / maçons, 35 ont été présents sur 30 à 33 quinzaines, 127 moins de 10 quinzaines, 28 une seule quinzaine. Ces hommes sont payés à la quinzaine ou à la tâche. En septembre-octobre 1340, 13 % d’entre eux sont rémunérés à la tâche et, en novembre, ce sont 44 %, puis 60 à 70 %. Ils peuvent changer de statut sans difficulté. Quand ils travaillent en groupe, ils sont rémunérés à la tâche. Les maçons sont rémunérés à la journée. Les rémunérations augmentent de manière continue au cours de la période, il n’y a pas de diminution, ni de variation saisonnière. Par exemple, entre le 12 novembre 1340 et le 4 novembre 1341, on observe une augmentation des rémunérations. En 1340, il y a 56 maçons et en 1341, 58. Pour les 25 maçons restés, il y a eu 14 % d’augmentation. C’est plus fort pour les manœuvres, qui obtiennent une augmentation de 31 %.

Pour les pierres, il n’y a pas les comptes d’achat. D’après des mentions se trouvant dans les deux registres, concernant la prise des pierres, on apprend qu’elles viennent de Vitry (121 occurrences), de Vernon (128) ou de Saint-Leu d’Esserent (33). Vernon se trouve à près de 160 km de Paris par la Seine, Saint-Leu à 130 km par l’Oise et Vitry est à proximité. Le transport se fait par bateau pour les pierres de Vernon et de Saint-Leu, mais celles de Vitry pourraient venir par voie terrestre. Une carrière est mentionnée deux fois comme « notre carrière », mais on ne sait s’il s’agit ou non de celle de Vitry. Le dégrossissage des pierres se fait sur place dans la carrière avec des gabarits. Une loge est mentionnée sur le chantier (IE 197, f. 52r). Il y a différents tarifs en fonction des pierres et de leur taille. La pierre de Vitry coûte 12 s., celles de Vernon et de Saint-Leu, 15 s. La taille des piliers représente sur seize mois près d’un quart de la rémunération totale des tailleurs de pierre. Un chapiteau est payé 60 s. auxquels quatre autres sous sont ajoutés s’il est mieux fait que les autres. Les clés de voûte sont en pierre de Vitry ou de Vernon. Pour les piliers des fenêtres, sont utilisées en octobre 1341 des pierres de Vitry à 20 s., puis en novembre et décembre, des pierres de Vernon ou de Saint-Leu. La pierre de Vitry disparaît alors, remplacée par celle de Saint-Leu, peut-être moins chère. Du liais est également utilisé dans la sacristie, mais seulement 12 occurrences dans les registres. Ce sont des pierres beaucoup plus dures et visibles à l’œil nu. Il n’y a pas eu d’analyse pierre à pierre de la sacristie.  

Le plâtre et la chaux sont mentionnés dans le registre IE 181 qui décrit les postes matériau par matériau. Le plâtre apparaît au f. 112 r-v avec 32 items d’achat. D’après le préambule de 1339, il sert à faire les sols. Il n’y a pas de mentions de son usage pour faire des tracés, mais des cordes fines pour faire des lignes sont mentionnées. Il est utilisé à partir de septembre 1340 pour faire des cintres. Le 18 novembre 1341, on achète du plâtre pour étayer les piliers. Le chantier connaît en effet les mêmes difficultés d’affaissement que le reste du bâtiment à cause du sol alluvionnaire. Trois fournisseurs ont été approchés successivement pour fournir du plâtre pendant la période (Odin Gignon, Jaquet de Tonarre et Guillem Gazanhapain). On remarque une augmentation du prix qui passe de 6 à 14 deniers entre mai 1339 et décembre 1341. Cette augmentation a peut-être poussé à rechercher des sources alternatives d’approvisionnement en plâtre au cours du chantier.  Deux types de chaux ont été utilisés. La moins chère a été livrée aux Bernardins à quatre reprises, deux fois en 1339 et deux fois en 1341. La plus chère (35-40 s.) vient de quatre fournisseurs différents, dont deux principaux Jean Hubi (de décembre 1339 à août 1340) et Jean Raynoart (octobre 1340). Les commandes arrivent au port de Grèves ou au port Saint-Bernard et son acheminées sur le chantier par tombereau – ce qui coûte 2 s. le muid. Pour le mortier, il n’y a pas d’achats de sable conservés. Des équipements supplémentaires (cribles, écuelles, rabot etc.) sont achetés auprès de fournisseurs, comme Perrin d’Isangremes, d’autres sont faits sur place.

Dans la sacristie, on trouve une piscine liturgique et un escalier à double révolution mentionné dans sa Description de Paris par Gillebert de Mets (1434) et dessiné par Théodore Vacquer (Escalier à double révolution du Collège des Bernardins et coupe de la cage d’escalier | Paris Musées). Cet escalier est mentionné dans le registre des salaires (IE 197). D’après les relevés des piliers par Théodore Vacquer, Marc Viré s’est aperçu qu’ils étaient similaires au profil d’un pilier d’Avignon. La personne commune aux deux chantiers parisien et avignonnais est Bernard Podeiros, mentionné dans le registre des salaires (IE 197). Il a été maître d’œuvre des Bernardins, mais avait travaillé à Villeneuve-lès-Avignon (1332-1333) et au Palais des papes (mai 1335-juillet 1337) (cf. Bernard Sournia et Jean-Louis Vayssettes, Villeneuve-lès-Avignon. Histoire artistique et monumentale d’une villégiature pontificale, Paris, 2006).

Discussion

MHB : Concernant le registre IE 197, combien de feuillets compte-t-il ?

Christian Barbier (ChB) : 149 feuillets recto-verso.

MHB : Il y avait d’autres registres ?

ChB : Oui, mais ils ont été perdus. Il s’agissait des registres de Bertrand Ausset qui ont été demandés par la curie au moment de l’enquête sur ses malversations.

MHB : Concernant la loge, quelle était sa taille et son utilité ?

ChB : Elle devait accueillir les 50 tailleurs de pierre à la fois et avait des latrines à côté.

CB : La loge est forcément quelque chose de grand et souvent placé en fond de parcelle.

ChB : C’était libre. Le chantier était installé auprès de la Seine au nord de la parcelle.

CB : Concernant les problèmes rencontrés par le chantier, l’église est déstabilisée, comme le cellier et le réfectoire. Ils ont dû mettre des contrefiches.

ChB : Les contrefiches ont été découvertes lors du chantier de restauration. Marc Viré pensait qu’elles ont été faites immédiatement parce qu’au moment de la construction le bâtiment s’est enfoncé.

CB : L’église intègre directement les problèmes rencontrés lors du chantier précédent.

ChB : Il y a eu d’autres problèmes liés aux inondations. On sait que le chantier s’arrête à la mort de Benoît XII. Le bâtiment est très vite dans un état préoccupant et on a paré au plus pressé. En 1351, une lettre est adressée au cardinal Guillaume Court, ancien professeur au collège, pour lui demander de l’aide. Il fait faire des travaux, comme on peut le remarquer d’après un statut du chapitre général de 1355 qui le remercie. Marc Viré se demandait pourquoi les cisterciens avaient bâti leur collège en ce lieu, sachant qu’ils sont réputés pour leurs travaux hydrauliques.

MHB : Malgré leur expertise, ils n’avaient sans doute pas eu connaissance de l’existence du bras mort de la Seine.

CB : Sur la qualité des pierres, les pierres de Saint-Leu et de Vernon sont payées plus cher que la pierre de Vitry.

ChB : La taille est payée plus cher. Les archéologues ont travaillé sur le mur sud de l’église et ont vu que les pierres ont été utilisées de façon aléatoire entre calcaire grossier et calcaire de meilleure qualité.

CB : Lors de la construction de la tour de Saint-Gervais, les pierres plus dures sont utilisées pour certaines parties. On utilise aussi un certain type de pierres pour les sculptures.

ChB : Dans les registres, les pierres de Vitry et de Vernon sont utilisées dans les mêmes quantiés. Sur les murs qui restent, on trouve les deux qualités de pierre de façon aléatoire, ce qui laisse perplexe. Pour les piédroits des fenêtres, les pierres viennent de loin (130 km par la voie fluviale).

CB : Savez-vous où sont leurs carrières ? Sont-elles à Vitry ? Et où à Vitry ? Que veut dire la mention « notre carrière » ? Y a-t-il une carrière autour de Paris qui appartient aux Cisterciens ?

ChB : Rien ne permet de dire de quelle carrière il s’agit. Les premiers articles sur les Bernardins suggéraient que la pierre venait du faubourg Saint-Marcel par le canal de la Bièvre. On a fait un double du canal pour éliminer tous les déchets.

MHB : Les Cisterciens n’ont rien du côté de Saint-Leu et de Vernon ?

CB : Marc Viré n’a pas eu le temps d’étudier les pierres.

ChB: Ce n’était pas dans la prescription.

Pourquoi les deux registres sont-ils au Vatican ?

ChB : C’est le pape qui a financé l’église. 26 000 florins sont venus des banques italiennes pour financer le chantier.

BD : Il n’y a pas beaucoup de documents en occitan concernant une affaire parisienne.

ChB : Pons de Madières était un occitan et le pape qui le connaissait, l’a autorisé à utiliser l’occitan. On y trouve quelques mots en latin et en français.

BD : Des noms de parisiens apparaissent dans les registres, principalement les fournisseurs.

CB : Parmi les fournisseurs de plâtre notamment. On remarque un problème dans la transcription des noms. Guillem Gazanhapain serait plutôt Guillaume Gagnepain.

ChB : Parmi les 650 noms, il y des homonymes et des noms proches.

BD : Concernant le changement de mode de paiement, y a-t-il eu négociations ? Les maçons se sont-ils laissés convaincre ?

ChB : La relation est très individualisée. Les quelques manœuvres sont augmentés à des moments différents. Quand il y a une rémunération au groupe, quelle est la rémunération individuelle ? Quelle est la répartition ? Il y a des fluctuations dans la rémunération par quinzaine.

BD : L’augmentation des salaires serait-elle liée à l’avancée du chantier et à l’apparition de tâches plus compliquées ? Est-ce lié à l’élévation du bâtiment ?

ChB : 31 % d’augmentation sur 1 an.

TS (Thomas Schneider) : La mention « lui meteis » veut dire « lui-même ».

Isabelle Bretthauer (IB) : Les différents prix des pierres sont en fonction de la taille. À quel moment apparaît la pierre de Saint-Leu ?

ChB : La première mention de la pierre de Saint-Leu se fait dès décembre 1339 (IE 181, f. 98r).

IB : Il faudrait voir avec des spécialistes de la construction.

ChB : Il n’y a aucune mention manuscrite de l’utilisation de la pierre de Saint-Leu. Le prieuré de Saint-Leu est construit en pierre de Saint-Leu.

IB : D’après les travaux de Maxime L’Héritier sur la cathédrale de Rouen, deux types de pierres ont pu être utilisés.

CB : Paul Benoît en avait trouvé des traces.

IB : Cela concerne des constructions de la fin du XVe siècle.

ChB : Les mentions deviennent précises quand on passe de la rémunération à la quinzaine à la rémunération à la tâche. Il faut alors mentionner la provenance. Les modalités de paiement différentes ont provoqué des changements. Le registre des salaires a été retrouvé dans les années 1980. Outre ces deux registres, il n’y a pas d’autres documents au Vatican concernant le chantier des Bernardins.

CB : Ces documents ont été renvoyés au pape à cause de la plainte pour malversation contre Bertrand Ausset.

ChB : On ne sait pas comment l’affaire s’est terminée.

CB : Pourquoi la chaux est-elle livrée sur la Grève ? Il faut payer une personne pour s’occuper du transport depuis la Grève jusqu’aux Bernardins.

ChB : Une seule livraison a été faite en port de Grève. Il y a plutôt une demande de livraison au port Saint-Bernard.

Prochaine séance « Gestion des ressources animales » :  14 mars 2025

 

Séminaire_Paris au Moyen Âge_20250214


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